le souterrain, légende ou réalité ?
Alors que les travaux place de l’église se poursuivent et se termineront début 2021, le chantier n’a pas permis de confirmer la présence d’une galerie entre le château et l’arrière de l'église …
Bernard Faine avait recueilli en 2017 les mémoires des jeunes de l’époque : Annette Escande-Bauguil, Arlette Moulin-Bonnery, Armande Galy-Constans, Yvette Guiraud-Gastou, Renée Ricalens-Alary et Gilbert Gui. Yvette, Renée (aujourd’hui décédée) et Armande l’évoquaient au travers de souvenirs de guerre.
une partie de ces échanges concernant l’école à cette même période avait été publiée dans le Petit Moussoulénois n°26
Souvenirs de l’été 44
Pour les jeunes de cette époque la première chose les ayant marqués est l'occupation et la présence de soldats Allemands dans le village. Les officiers étaient logés à la Villa, au Château et chez l'habitant.
Yvette : « à cette époque nous habitions place de l’église et nous prenions de l’eau à la fontaine. Un jour, un soldat allemand a dérobé l’arrosoir de ma mère et celle-ci a du le réclamer au Château. L’arrosoir lui a été rendu. »
Gilbert : « il n’y a pas eu d’incident grave à Moussoulens. Seule une altercation devant le café Fiches entre un officier allemand et Camille Maisonneuve le garde-champêtre. L’officier l’ayant menacé avec son pistolet, le garde qui portait lui aussi une arme (essentiellement pour tuer les chiens errants !) a répliqué lui aussi en mettant la main sur son étui en disant : « moi aussi ! « . Le lendemain la Gestapo est venue enquêter et l’affaire fut déclarée sans suite. »
Annette : « parmi les soldats allemands, il y avait des très jeunes (17 ou 18 ans) de nationalités différents : Polonais, Roumains et des Alsaciens (les malgré nous). Un jour, les Allemands sont venus réquisitionner le cheval de mon père pour aller chercher du bois dans la vallée. Mais heureusement le cheval n’a jamais voulu se faire atteler par les soldats et ces derniers ont fini par renoncer. Ce qui ravit mon père car le bois était le sien ».
Armande : « il y avait aussi des Allemands qui allaient se baigner à la rivière et nos parents très inquiets nous interdisaient de s’y rendre. »
Yvette : « après les combats de Trassanel (maquisards), les Allemands ont fouillé le village de fond en comble ! »
Annette : « oui, ils recherchaient les réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire) ».
Renée : « chez nous ils sont arrivés à l’heure du repas. Il y avait un plat de saucisses, ils ont tout mangé !! »
Gilbert : « j’allais chercher le pain à la boulangerie Mavit, quelquefois les soldats m’envoyaient leur chercher des bières au café Fiches. Une fois pour me remercier ils m’ont donné 2 grosses boules de pain. »
Arlette : « mon père, Ernest Bonnery (blessé et gazé pendant la guerre), tenait le bureau de tabac et la recette locale. Dans la dernière période de la guerre, il est arrivé que la nuit suivant le réapprovisionnement en tabac, il soit réveillé par des coups dans la porte. Des maquisards venaient réquisitionner le tabac puis repartaient en traction. Mais avant de partir, ils délivraient un bon de réquisition grâce auquel mon père pouvait se réapprovisionner. »
Août 1944
Yvette : » au moment du débarquement de Provence, de nombreux convois allemands passaient sur la RN 113. L’aviation alliée les a bombardés. De nombreux habitants de Moussoulens se sont réfugiés au Bau. »
Annette : » pour nous, c’est à la grotte Escande (descente du Bayel) où nous sommes allés nous mettre à l’abri. »
Renée : » nous avons été au souterrain (nous en reparlerons plus loin) et aussi au Bau. On y était très serré. »
Yvette : » lors du bombardement, des soldats allemands ont été tués ainsi que des chevaux. Mon père fut réquisitionné pour les enterrer. Il a aussi été mobilisé pour garder les voies de chemin de fer. »
Annette : « après le bombardement, mon père a voulu aller voir au domaine de la Tuilerie. Il m’y a emmené en moto, ce n’était pas beau à voir. Lui aussi a été réquisitionné pour garder les voies ferrées. »
Le souterrain, légende ou réalité ?
Yvette : « je me souviens très bien qu’à cette époque le souterrain était ouvert et qu’il était accessible jusque devant le presbytère »
Renée : » je me souviens très bien que nous nous y sommes mis à l’abri au moment des bombardements. »
Armande : « pour moi, le souterrain était caché par des planches et mes parents m’interdisaient d’en approcher. »
Les communes avaient l’obligation d’avoir un abri anti-aérien pour la population. Les employés municipaux avaient aménagé son accès derrière l’église. Une version circule que c’est un camion allemand très lourd qui, garé le long de l’église se serait enfoncé et l’aurait obstrué. Nos interlocuteurs n’ont pu confirmer cette version….
En 2020, le mystère demeure !
Bernard Faine